" MARIE BATAILLE auteur littérature jeunesse, livres pour enfants, presse, roman feuilleton: Lundi Ravioli du 7 mai : en campagne

Lundi Ravioli du 7 mai : en campagne


Photo Claude Degoutte

En campagne.

Pendant que les candidats pour la présidentielle s'étripaient, gesticulaient, se pavanaient et refaisaient le monde sous l'oeil gourmand des médias qui n'en laissaient pas tomber une miette, la voix chaude, vibrante, si sensuelle et masculine de Jean Ferrat résonnait dans mon coeur, comme du temps de mon père... Que la montagne est belle!.. 
Pourtant il pleuvait des cordes aux confins de la Garonne et de l'Ariège! Un printemps pourri dans cette vallée où je suis née, qui serpente et va buter contre les premières pentes boisées des Pyrénées. Là, malgré les machines à laver, les home cinémas, les 4x4, les voyages tuto includo, les lotos géants, l'ours, l'autoroute, les ralentisseurs, les Intermarchés, les ronds-points aménagés, les Conforamas, Internet et la TNT, le prix du pétrole qui flambe et autres calamités modernes indispensables, les paysages et ses quelques habitants, loin des villes, continuent de regarder passer les septennats et les quinquennats comme autrefois les vaches, un train... Avec étonnement toujours, incompréhension parfois, lassitude souvent et intérêt à chaque fois... 
La route bordée de catalpas centenaires, la grange éventrée couverte de glycine , le clocher derrière l'ilot de peupliers, le chien qui dort sur la ligne jaune, le tracteur bouffi qui traine une remorque en prenant son temps et ses aises, l'épicerie-tabac plus glaciale qu'un frigo, les 2 poulets plus bio que bio qui picorent au milieu d'un champ, la 4L Renault beige dont on se demande comment elle a pu ressortir vivante du contrôle technique, toutes ces choses se disent que oui, bien sûr, les bulletins vont dans les urnes, les députés montent à Paris avec le sénateur, le TGV et les avions transportent des ronds de cuir régionaux et des attaché-cases remplis de dossiers, oui bien sur, mais tant que tout ça ne fait pas plus de bruit que le vent dans les feuilles des arbres, que Paris est toujours Paris, là bas, très loin, à 800 bornes, tant que la montagne est belle et à la même place, tant qu'elle est rousse en Automne et verte au printemps, on se dit, en faisant avancer la brouette à grands pas crottés, eh bien ma foi, que gauche, extrême gauche, droite, extrême droite, centre, extrême centre, vert, extrême vert, ici on se débrouillera toujours.
On se dit que tant que la montagne est belle il faut en profiter, aimer et respecter son prochain et croire à la beauté des choses... Sauf, à la rigueur, quand on a un verre de pastis de trop dans le nez! 

Marie Bataille

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