" MARIE BATAILLE auteur littérature jeunesse, livres pour enfants, presse, roman feuilleton: ROMAN FEUILLETON / la merveilleuse histoire de Ronrono Chapati / semaine 49

ROMAN FEUILLETON / la merveilleuse histoire de Ronrono Chapati / semaine 49



Semaine 49

Onaké se réveilla. Le soleil dessinait une bande blanche dans l'entrebaillement des deux double-rideaux qui ne se rejoignaient pas parfaitement. Le plafond avait des moulures de fleurs autour du lustre en verre de Murano. Le mobilier vénitien était de couleur vert jade : l'armoire, les tables de chevet, la table, les deux fauteuils et le
petit bureau. Un autre rayon de lumière passait par la porte de la salle de bain mal fermée. Onaké se serra contre Guillaume qui dormait sur le ventre et trouva que sa peau sentait le caramel et le chocolat chaud. Sans ouvrir les yeux Guillaume posa son bras gauche autour de la taille d'Onaké et sourit aux anges. Pour Onaké c'était la première fois.
La première fois parce que c'était la première fois qu'elle avait désiré si fort qu'un homme s'empare d'elle, de son corps tout entier et de son esprit. Quand il l'avait embrassée dans le bateau-taxi qui les ramenaient de l'aéroport, elle avait éprouvé la naissance d'un bouleversement mais ils avaient dormi chacun dans leur chambre. Le
lendemain, ils avaient à s'occuper des cendres de François La Salle. Il fallut faire ouvrir le caveau de la famille Montebello et déposer l'urne sur le cercueil de Sandro. Avant, ils avaient été à la pointe de l'île,à l'endroit où le cimetière s'ouvre sur la lagune par une lourde grille en fer forgé, et ils avaient jeté dans l'eau une partie des cendres. Quand tout ce qu'avait demandé La Salles avait été fait, ils s'étaient recueillis devant la tombe et Guillaume avait posé son bras sur les épaules d'Onaké. Pour la protéger de la tristesse et de la mort.
Ils étaient repartis en vaporetto, retrouvant la foule des vénitiens et des touristes avec plaisir. Ils allèrent déjeuner derrière la place Saint Marc, dans un petite taverne planquée au fond d' une ruelle calme que Guillaume connaissait. Ils mangèrent de bon appétit des spaghetti à l'encre de seiche et al vongole. En fin d'après-midi ils rentrèrent au Lido, allèrent bras- dessus, bras-dessous jusqu'à la plage et mangèrent
de bonne heure dans un restaurant de la rue principale, un peu avant l'hôtel. Ils burent de vin blanc et mangèrent une glace en rentrant. Il avaient pris ce repas comme s'ils se connaissaient depuis toujours et en même temps ils savaient que cette journée resterait dans leur mémoire comme le commencement de leur histoire. Plus tard ils se souviendraient de chacune des heures. Onaké lui avait raconté simplement sa vie sévère de soliste courant le monde. Guillaume avait été un des premiers
témoins de ce désir de ne plus jouer. A l'époque très peu de personnes savaient le drame qui se tramait, les contrats qui allaient s'annuler, la rupture avec le kolonel et la fuite loin du monde. Et puis l'écriture dela symphonie. Elle réalisa tout à coup que c'est avec Guillaume qu'elle revenait au monde. Guillaume lui avait raconté sa vie sans
problème, excitante, voyageuse et libre. Quand il posa sa main sur celle d'Onaké en lui demandant :
- On rentre ?
Onaké répondit oui. Son coeur battait très vite. Comme le passage andante de la symphonie de Gio.
Quand ils arrivèrent devant le bureau de la réception de l'hôtel, Guillaume
demanda en italien s'il restait une grande chambre disponible donnant sur le jardin.
Le réceptionniste répondit que oui et sans attendre d'autres explications tendit la clé en disant:
- Ca sera la 24, Monsieur, deuxième étage à droite en sortant de l'ascenseur.
- Si elle nous convient je pense que nous la garderons et nous libèrerons les deux autres chambres demain.
- A votre service, Monsieur. Vous resterez combien de nuits, s'il vous plaît ?
- Deux ou trois sans doute.
- Très bien Monsieur. Merci. Bonne soirée.
Onaké ne comprenait pas l'italien mais elle devinait ce qui se passait. Dans
l'ascenseur, elle regarda Guillaume avec un sourire timide mais très prometteur. Il se pencha vers elle pour l'embrasser. Arrivés dans la chambre, ils se déshabillèrent comme deux gamins pressés et se jetèrent sur le lit. Guillaume se releva pour prendre la boîte de préservatifs qu'il avait dans la poche de sa veste. Onaké lui murmura alors
tendrement:
- Je n'ai jamais fait l'amour.
- Tu as eu raison de m'attendre.
Ils éclatèrent de rire. Le décor se renversa et Onaké se laissa prendre, découvrant la texture et la chair de quelqu'un d'autre, un sexe en érection, les parfums de la peau et du désir.


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