" MARIE BATAILLE auteur littérature jeunesse, livres pour enfants, presse, roman feuilleton: ROMAN FEUILLETON / la merveilleuse histoire de Ronrono Chapati / semaine 54

ROMAN FEUILLETON / la merveilleuse histoire de Ronrono Chapati / semaine 54



Semaine 54

Sébastien avait été opéré d'une péritonite aigüe. Le chirurgien lui avait sauvé la vie de justesse. Trois jours après l'opération, lorsque la fièvre était descendue je m'étais caché dans une grange de la ferme et m'étais confortablement installé au premier étage sur un lit de foin séché. Je mangeais peu. Les oiseaux étaient futés et ce
n'était pas facile d'en choper un. Pareil pour les mulots. Ils se méfiaient des chats, étaient très prudents et extrêmement adroits. Je réussis quand même à en saisir un vieux, à la chair coriace et au goût prononcé. Je finissais de m'en baffrer quand Ronrono apparut.
- Bonsoir Lucien, tu es arrivé à temps pour que Sébastien puisse te voir avant de quitter la ferme. Tu sais, ça l'a sans doute sauvé. Aurait-il tenu jusqu'à son arrivée à l'hôpital? Une septicémie est vite arrivée sur un corps faible et un moral dans les chaussettes. Il t'a vu et paf, ça lui a redonné un coup de bonheur, de la force pour tenir bon.
- Tu crois ? Demandai-je
- Bien sur, Lucien. Alors il faut continuer. Il faut le soutenir dans sa course vers la vie. Ce soir nous irons le voir.
- Mais Ronrono comment veux tu rentrer dans un hôpital, te promener dans
les couloirs, trouver la chambre du petit et ouvrir la porte ?
- Je suis un Maitre Chat, Lucien. J'ai des pouvoirs. Je ne peux pas les utiliser à tout bout de champ mais quand il s'agit de sauver un enfant, je peux. Nous serons invisibles tant que nous ne l'aurons pas trouvé. A une condition...
- Laquelle ? Demandai-je.
- Que je te déchire une oreille... Je sais c'est cruel, mais il faut que j'avale un peu de
ton sang pour que toi aussi tu sois invisible. Je dois avoir bu un peu de sang de celui que je porte sur mon dos et alors celui que je porte devient invisible.
- Ben , si c'est obligé... dis je avec résignation. Je suis prêt Ronrono. Je suis toujours prêt quand tu me demandes quelque chose, tu le sais bien.
Ronrono s'approcha de moi. Il me parut aussi corpulent qu'un guépard et ça me glaça les sangs.
"Il va me bouffer tout entier" pensai-je, quand il ouvrit sa machoire. Je m'étais mis en boule face à lui, le tête droite et offerte. Mais avec une délicatesse infini, Ronrono sectionna le bout de mon oreille droite d'un coup sec indolore.
- Voilà qui est fait ! s'exclama-t-il.
- Je n'ai rien senti, maître.
- Allons-y, Lucien, nous n'avons que quelques heures devant nous.
Ronrono s'accroupit pour que je monte sur son dos et comme d'habitude, nous
sommes partis vers les étoiles. Le voyage ne dura pas plus de cinq minutes. On pénétra dans l'hôpital. Ronrono fureta un peu partout dans le hall d'entrée puis alla devant les ascenseurs. On entra dans la cabine en même temps qu'une infirmière qui n'allait pas au bon étage. On resta dans l'ascenseur jusqu'à ce que quelqu'un se rende à l'étage qui convenait à Ronrono. Ca prit pas mal de temps. Une fois dans le couloir,
Ronrono n'hésita pas. Il alla directement vers la chambre de Sébastien.
La porte était entrouverte comme celle des autres chambres. On était en pédiatrie. Nous sommes entrés dans la chambre et Ronrono me demanda de descendre de son dos. On s'assit au bout du lit et Ronrono me demanda de miauler doucement. Ce que je fis. Sébastien qui dormait ouvrit les yeux.
- Le Chat ! s'exclama-t-il en tendant les bras dont l'un était relié à une poche en suspension.
- C'est moi, dis je. Je t'avais promis de ne pas te laisser tomber, tu te souviens ?
- Bien sur, Le Cha!
Sébastien semblait ne pas voir Ronrono et moi je disais des choses qui me semblaient soufflées par quelqu'un.
- Voilà je suis venu pour que tu ailles mieux très vite et que tu retrouves confiance en toi et dans la vie même si tout ce qui t'es arrivé a été terrible. Mais maintenant que tu habites à la ferme je ne pourrai pas venir te voir comme autrefois. Alors je vais te confier la chose que j'ai de plus cher au monde : Mon fils.
- Tu as un fils, Le Cha?
- Oui. Il a quelques mois à peine et il aura besoin de toi quand tu reviendras à la ferme. Tu le trouveras dans la grange, à l'étage, sur un tas de foin. Tu l'entendras. Quand il sentira que tu es là, il couinera pour se faire repérer. Il faudra prendre soin de lui. Il faudra que tu sois costaud pour le protéger et le rassurer et en retour, il t'aimera
comme personne ne t'a jamais aimé.
- il est comment, ton fils, Le Chat ?
- Il est blanc, avec une tache noire sous le cou et il porte des chaussettes assorties à sa cravate, noires aussi.
- Et tu me le donnes ?
- Oui. Pour que tu ne sois plus jamais seul. Et si tu avais le moindre problème appelle moi.
- Comment je fais pour t'appeler ? T'as pas de portable, toi.
- Tu enfermeras mon fils dans une cage. C'est pas ce qui manque les cages à la ferme. Une fois enfermé, mon fils saura me joindre.
- Ok. Tu es venu pour m'annoncer tout ça.
- Oui.
- Et comment tu as fait pour me trouver et entrer et pas te faire prendre ?
- C'est grâce à moi... Miaula Ronrono.
Il venait d'apparaitre, immense, majestueux, protecteur. On ne pouvait que le croire.
- Je t'ai déjà vu dans la cave, murmura l'enfant stupéfait.
- Exactement. Je me montre peu. Seulement quand il faut. Les magiciens doivent rester énigmatiques n'est ce pas ?
- Oui, oui. Répondit le petit, subjugué.
- Voilà. Nous allons repartir maintenant. Nous sommes si heureux, Le Chatet moi, d'avoir pu t'aider un peu. Rendors toi bien vite...
- Le Chat va embrasser ton ami avant de partir ! Me demanda Ronrono.
Je vins me frotter contre la joue de Sébastien qui me caressa et s'écria :
- On t'a grignoté un bout d'oreille !
- Oui, une baston entre chats mal élevés.
- Allez, ouste, on file maintenant. Grimpe sur mon dos, Lucien. Demanda Ronrono.
L'enfant s'était rendormi et il se renversa sur le côté.
- Je n'ai pas d'enfant, Ronrono ! Dis je, quand nous fûmes dehors.
- Mais si Lucien, mais si. Tu ne sais pas tout.
Je n'osais rien demander. On monta dans le ciel, moi sur le dos de mon maître comme un oiseau sur le dos d'un éléphant.


semaines précédentes :

 1, 2, 3, 4, 5, 6, 7, 8, 9, 10, 11, 12, 13, 14, 15, 16, 17, 18, 19, 20, 21, 22, 23, 24, 25, 26, 27, 28, 29, 30, 31, 32, 33, 34, 35, 36, 37, 38, 39, 40, 41 , 42, 43, 44, 45, 4647, 48, 49,

50 , 51, 52, 53


Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire

Vous aimerez peut être

Related Posts Plugin for WordPress, Blogger...

Messages les plus consultés