" MARIE BATAILLE auteur littérature jeunesse, livres pour enfants, presse, roman feuilleton: ROMAN FEUILLETON / la merveilleuse histoire de Ronrono Chapati / semaine 63

ROMAN FEUILLETON / la merveilleuse histoire de Ronrono Chapati / semaine 63



Semaine 63


Le juge pour enfant avait statué sur le cas de Sébastien après plusieurs entretiens avec la mère, le beau-père, la grand-mère et les services sociaux, sans oublier la directrice de son ancienne école et la maîtresse du CP. Il ne réintégrerait pas le foyer familial. Il resterait en famille d'accueil, chez Odette Lebon. La mère était fragile, influençable, et assujéttie au beau-père de Sébastien, un grand type baraqué au caractère instable et autoritaire, possessif, qui ne supportait pas la contradiction. Il régnait en maître sur sa femme et  les petites jumelles, détestant Sébastien, ce petit coq rebelle et menaçant, qui lui rappelait sans cesse que sa femme avait eu une autre vie et un autre type dans son lit. La mère et la grand-mère bénéficieraient d'un droit de visite, chaque trimestre, dans un lieu neutre, sans doute un local de la DDASS, en présence de l'assistante sociale qui noterait les réactions de Sébastien et la pertinence de ces visites, longtemps discutées.
Odette avait tenu au courant Sébastien de toutes les décisions prises. En quelques semaines son caractère changea et il prit cinq centimètres. Le visage de l'enfant pâlot et craintif se colora comme ceux des petits campagnards qui vivent au grand air. Il souriait souvent et n'avait plus peur de demander les choses fixement. Il allait et venait dans la ferme et les dépendances sans crainte et s'intéressait à tout. 
A cause de l'allergie de Nounou Odette, le chaton avait été installé dans la partie de la grange la plus proche de la cuisine. Sébastien avait récupéré une vieille caisse en bois qu'il avait nettoyée et sur les conseils d'Odette, il y avait déposé un vieux tee-shirt à lui. Près de la caisse le chaton avait une coupelle d'eau et régulièrement, Sébastien lui apportait de la nourriture écrasée. Le chaton, aussi, grandissait à vue d'oeil et prenait de l'audace. Jusqu'au jour où Sébastien, en rentrant de l'école le trouva au milieu de la cour de la ferme en train de jouer avec une brindille. Ce n'était plus un chaton.
Sébastien aurait beaucoup aimé que le jeune chat passe les nuits près de lui ou au moins puisse venir jouer dans la cuisine. Mais c'était impossible. Il était triste que Nounou Odette ait cette maladie qui la faisait tousser et pleurer dès qu'un chat l'approchait de trop près. Sébastien s'était renseigné à l'école pour savoir si réellement ce genre de maladie existait. Odette n'aimait peut-être pas les chats et avait inventé cette histoire pour les tenir à l'écart. La vie avait appris à Sébastien de ne pas faire entièrement confiance aux adultes, même à ceux qui avait l'air aimable. Mais la maîtresse et les copains avaient bien dit que ce genre de truc existait. Odette ne mentait pas. Alors Sébastien accepta de ne pas pouvoir dormir, le chat au pied de son lit. Dés qu'il rentrait de l'école, il passait beaucoup de temps à rêvasser dans la grange assis dans la paille à attendre patiemment le petit chat quand il s'était sauvé. 

Tous les soirs, avant de s'endormir, l'enfant pensait à Ronrono Chapati et à Le Chat, et à leur visite merveilleuse à l'hôpital. Il se demandait comment les deux animaux avaient fait pour entrer dans la chambre sans être vus. Il se souvenait surtout qu'après leur visite, la terrible fièvre qui le faisait frissonner et tapait dans sa tête à coup de marteau s'était lentement esquivée, comme si le majestueux Ronrono lui avait demandé de le suivre. Sébastien espérait revoir Le Chat. Il viendrait bien un de ces quatre prendre des nouvelles de son fils et vérifier qu'il était en bonne compagnie et bien soigné. Le Chat était forcément un bon père. Il viendrait.

Depuis plusieurs jours, l'enfant cherchait un nom pour le chat. Mais aucun nom auquel il pensait ne le satisfaisait. Le week-end qui suivit la semaine où Sébastien apprit que l'allergie de Nounou Odette n'était pas une pure invention, il y eut un repas à la ferme avec les anciens ouvriers de la réinsertion.  On fêtait l'arrivée de Jeanine, la nouvelle. Odette avait repris quelqu'un pour l'aider à la ferme car elle n'y arrivait plus toute seule. Au milieu des tartes à l'oignon et aux poireaux, de la pissaladière et des deux poulets rôtis dressés au milieu des frites croustillantes, il y avait deux bouteilles de vin à la belle étiquette. Odette aimait voir les yeux écarquillés de Sébastien faire le tour de la table. Elle remarqua son intérêt pour les bouteilles :
- C'est pas de la bibine mon Sébastien que je vais leur donner à boire. C'est du bon bordeaux classé. Un Château- Trompette.
- Château-Trompette? Demanda Sébastien.
- Oui, Château -Trompette. C'est le nom du vin. C'est un beau nom tu trouves pas ?

- Oh oui, très très beau! s'écria Sébastien qui détala aussi sec qu'un lièvre.

Quand il entra dans la grange, le chat jouait avec les barreaux de l'échelle.
- Viens ici, le chat, viens me voir.
Le chat se mit à ronronner en voyant l'enfant et s'approcha de lui.
- Maintenant tu vas avoir un nom, un très beau nom qui fera plaisir à ton père et surtout à son ami le chat léopard. Je te baptise Château -Trompette.
Le chat regarda l'enfant et se trémoussa entre ses jambes avant de sauter sur le tas de bois. Ce nom lui plaisait. L'animal avait beaucoup grandi et était plus imposant qu'un chat de son âge. Il avançait avec une majesté précoce.



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