" MARIE BATAILLE auteur littérature jeunesse, livres pour enfants, presse, roman feuilleton

ROMAN FEUILLETON / la merveilleuse histoire de Ronrono Chapati / semaine 73



Onaké dégusta le petit déjeuner que lui avait apporté Guillaume. Quand elle eut fini, elle posa le plateau sur coin du lit et s'étira de tout son long en poussant des petits soupirs de plaisir. Je pensai qu'Onaké savait faire le chat comme personne. Ensuite, elle resta rêveuse quelques instants et me caressa l'échine d'une main nerveuse. Et  puis soudain elle se leva sans crier gare. Elle s'enferma dans la salle de bain et ressortit legèrement parfumée. Elle retourna dans la chambre enfiler les affaires de la veillle posée sur le rebord du fauteuil, un jean et un tee-shirt de coton rose. Elle ferma la boucle de ses sandales, attrapa dans la cuisine le sac à provision en paille tressée que le moine Gio lui avait offert peu de temps après qu'il l'eut sauvée de la noyade et elle annonça, dans ma direction :
- Petit Tigre je vais au marché St Germain. Je t'achèterai un petit morceau de foie car tu es le chat le plus gentil du monde.
Onaké m'embrassa sur le museau. Ensuite elle claqua la porte d'entrée comme une adolescente nerveuse. Je ne le savais pas encore mais c'était la dernière fois que je la voyais.
La suite de ce qui arriva je l'ai entendu raconter, en large, en long et en détails, par Guillaume et bien d'autres personnes connus et inconnus qui défilèrent dans notre appartement.
La triste histoire c'est qu'Onaké quitta le trottoir qui était embouteillé devant le restaurant St Benoît. Elle longeait la file de voitures sur la chaussée quand l'anse du sac à provision céda. Onaké se précipita  au milieu de la rue sans réfléchir pour empêcher que les fruits qui roulaient du panier renversé se répandent un peu partout dans la rue. C'est à ce moment là qu'une moto surgit. Le conducteur ne vit pas Onaké courbée sur le sol préoccupée de ramasser les fruit. Il la vit trop tard et la heurta de plein fouet. Elle fut projetée en l'air comme un pantin et en tombant sa tête heurta violemment le sol. Onaké mourut sur le coup et resta allongée dans la rue, petit oiseau abattu en plein vol.
Il s'écoula beaucoup de temps avant que du monde arrive dans l'appartement. D'abord Guillaume hagard, accompagnée d'une dame très colorée, qui déclara :
- Mon dieu mais qu'est ce que c'est que ce chat... On dirait mon Lucien.... Et la dame, on aurait dit Mameth. Mais je pensais avoir la berlue.
- Oui je sais répondit Guillaume pâle comme un drap, C'est Petit Tigre... Et il ajouta.
Voilà. Je ne me marierai donc jamais maman... Je ne pouvais épouser qu'Onaké. J'en suis sûr. Personne d'autre.
- Tu dis ça maintenant... Mais tu sais le mariage ... La dame fit un geste vague de la main.
Guillaume m'attrapa et me dit en cachant son visage dans la fourrure de mon ventre.
Petit Tigre, Onaké, s'en est allée, elle nous a quittés, nous ne la reverrons plus. Elle est partie sans le savoir, sans souffrir, sans savoir qu'elle nous abandonnait. C'est nous qui souffrons parce que la vie va continuer sans elle, rien qu'avec son souvenir....
Je savais déjà ce qu'il me disait. Parce que quand la tête d'Onaké heurta le bithume, je somnolais sur le canapé et pourtant j'ai entendu son cri mortel. Même si on a raconté qu'elle n'avait pas poussé de cris. Moi j'ai entendu son cri et puis aussitôt j'ai senti la vie qui la quittait par ce cri qui avait ouvert un trou béant vers la mort. Je  voyais l'âme d'Onaké se diluer lentement dans l'espace. Une douleur atroce s'empara de moi, une grande détresse qui me déchira de part en part car j'essayais de contenir cette vie qui s'enfuyait, j'essayais de toute la force de mon esprit de l'endiguer et de remettre cette âme à sa place mais je n'y arrivais pas. Quand je compris que c'était fini, que la mort avait saisi ma maîtresse ce fut comme un couteau qui me tranchait la cervelle en menus morceaux. L'idée de vivre sans elle me terrifia et je pensais ne pas devoir la laisser aller seule au pays des âmes mortes. Je devais l'accompagner. La fenêtre du salon était restée ouverte. Je sautais sur le rebord du balconnet, prêt à me jeter dans la rue pour aller la retrouver quand les paroles de Ronrono Chapati revinrent à mes oreilles . Il m'avait mis en garde. Il m'avait parlé de mes autres vies... Je compris que je ne pouvais pas suivre Onaké. C'était Yannis, Mameth et Sébastien qui me le demandaient de toutes leurs forces. Ils m'aspiraient  vers l'intérieur de la pièce et je me suis laissé faire. Mais Onaké avait emporté un morceau de mon coeur et je saignais pour le restant de mes jours. Je revis Gio la fois où il tenta de tuer ma maîtresse en la maintenant sous l'eau. Je me revoyais lui lacérer le dos pour qu'il lâche prise. Et il avait fini par céder sous la douleur. J'avais sauvé Onaké mais Gio avait eu finalement le dernier mot. L'anse de son panier avait été mal tressée et il avait réussi à reprendre la vie de celle qu'il aimait sans espoir.







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ROMAN FEUILLETON / la merveilleuse histoire de Ronrono Chapati / semaine 72


Semaine 72

Dès qu'il rentrait de l'école, Sébastien allait saluer Odette. Il prenait son goûter sur la table et filait voir Chateau-Trompette dans la grange. Le chat l'attendait et lui souriait dès qu'il arrivait. Ils avaient devant eux une bonne heure tranquille et ils en profitaient pour s'esquiver sans être vu. Sébastien montait sur le dos de l'animal qui avait pris la taille d'un ocelot. Chateau-Trompette se mettait à feuler sauvagement et ils se soulevaient dans les airs, passaient à travers le toit et disparaissaient dans le deuxième ciel. Le deuxième ciel c'est celui que les humains ne peuvent pas voir. C'est aussi là que se trouvaient toutes les âmes mortes suspendues aux arbres ou en train de flotter au dessus des cheminées des maisons dans lesquelles elles ont vécues. Au dessus de certaines cheminées il y avait une colonne d'âmes mortes aussi haute qu'un gratte-ciel.

Château-Trompette et Sébastien se rendaient toujours au même endroit, très loin, en Inde, au dessus d'un palais. Ils laissaient dormir les âmes mortes des humains de hautes lignées mélangés aux servantes et aux valets pour aller secouer celle d'une chatte blanche toujours heureuse d'être réveillée par leur visite. Inlassablement, Sébastien posait toujours la même question :
- Madame belle chatte blanche, parlez moi encore de Ronrono s'il vous plait...
- Si tu veux
La chatte plissait les yeux et souriait à ce petit bonhomme du royaume des vivants qui possédait un chat magique au nom si drôle.
- Ronrono ressemblait un peu à Chateau-Trompette... Il était le seul à distraire le prince depuis que sa femme était morte. On racontait que tous les soirs, Ronrono emmenait sur son dos le Prince au royaume des morts pour qu'il passe la nuit près de sa chère épouse. Comme vous faites toi et Chateau-Trompette... On disait aussi que Ronrono pouvait disparaitre dans la forêt et devenir un tigre. Il était le seul tigre ami des éléphants.
- Est ce que vous ne pensez pas que Chateau-Trompette est son fils ? Parce que Ronrono à l'hôpital a dit que Chateau-Trompette était le fils du Chat Lucien mais ce n'est pas vrai, n'est ce pas ?
- Je ne peux pas répondre aux questions du présent et du futur. Je ne peux te parler que du passé, petit homme.
- Je comprends. Mais moi, voyez vous, je crois avoir raison...
Le temps passait en bavardages de cette sorte pendant que Chateau- Trompette se prélassait ou escaladait des colonnes d'âmes mortes à la recherche d'un ami.
Un jour il précisa à Sébastien :
- Je ne cherche aucun ami, Sébastien, je cherche ma mère... ma mère disparue.
- Ah !... se contenta de répondre Sébastien estomaqué.
Il n'avait pas pensé que son ami puisse se soucier de sa mère. Lui, depuis qu'il était ici avec Odette, il avait oublié en avoir eu une. A cet instant, il fut obligé d'y penser et ça le dérangea. 
- Quand la mienne mourra, tu crois que je pourrai la voir, ici, au milieu des âmes mortes ?
- Evidemment D'ailleurs peut-être plus tôt que tu ne le penses...
- Ah bon !!
- Enfin, j'en sais rien exactement... Des fois j'invente...

Sébastien se sentit affolé. Chateau- Trompette se rendit compte qu'il avait gaffé et il essaya de distraire son ami l'enfant.
- On n'a jamais pris le trou noir pour rentrer hein ?
- Non.
- Eh bien c'est l'occasion. Tu aimes les montagnes russes, les manèges... Alors accroche toi!
On entendit dans le ciel des âmes mortes le rire de l'enfant déchirer les limbes comme le bruit des eaux d'un torrent vagabond. Et ça fit un bien fou aux âmes mortes.






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ROMAN FEUILLETON / la merveilleuse histoire de Ronrono Chapati / semaine 71

  
Semaine 71

 Avant de refermer la porte Yannis jeta un coup d'oeil vers le lit. Chloé dormait sur le côté, son ventre arrondi dessiné sous le drap. Yannis remarqua que les draps ne paraissaient pas de la première fraicheur et ça le navra. Chloé était venue sans prévenir mais qu'aurait-il pu prévoir ? Il avait laissé sur la table un bol et sa cafetière italienne à côté d'un mot écrit sur un coin de journal: "Je pars au camping. Beurre, confiture et café, dans le frigo. Viens quand tu veux."
  Sur sa moto, l'air frais du matin le réveilla complétement. Il se sentait heureux et en même temps terriblement coupable de ne pas avoir su repousser Chloé, lui dire combien cette situation ne mènerait à rien. Et il se disait en même temps que s'il n'avait pas trouvé les mots pour le dire c'est qu'au fond de lui il ne pensait rien de tout ça. Certes ce qui venait de se passer était fou mais il n'avait pas eu la force de se défendre parce qu'il n'avait pas eu envie de se défendre. Mameth l'avait laissé trente ans plus tôt dans une détresse totale, elle avait saboté sans le savoir son existence et sa fille venait miraculeusement tout réparer. Ca ressemblait à une résurrection. Il sortait du tombeau vivant et c'est Chloé qui venait de pousser la pierre qui le maintenait dans l'obscurité depuis des lustres. 
  Au camping, Yannis salua l'Albanais d'une tape sur l'épaule, se servit du café, alluma une cigarette et descendit vers le petit embarcadère, en tenant le gobelet par le haut pour ne pas se brûler les doigts. Il s'installa sous l'olivier et écouta le clapotis des vagues sur la pierre du mur. Il me tira de sa veste au fond de laquelle je m'étais endormi.
- Mon Bradpitt, je vais quitter ça... Je ne sais pas si c'est une bonne chose mais c'est la suite de ma vie semble t-il...
Il fit un signe du menton, désignant la mer et les côtes voisines.
- Toute ma vie. Toute ma chair. Je laisse Antisoros. Je vais devenir un exilé. Je ne reviendrai que pour mourir ou déjà mort. J'emporte le souvenir de toute cette lumière, de ce coin de terre, là où elle voudra. J'abandonne mon île, Bradpitt. C'est comme si je m'abandonnais moi même. Je viens de décider de me faire orphelin. Il y a des jours où je vais en baver... Je vais peut-être en baver souvent... Mais les dés sont jetés, hein ?
 
Je me suis souvenu de ma conversation avec Ronronno et j'ai pensé que c'était lui le maître que je perdais. J'ai imaginé un instant, le camping et la maison sans lui, l'hiver et l'été sans lui et mon coeur s'est déchiré. Mais Yannis me souleva du sol et me serra contre lui.
- Tu viens avec moi Bradpitt... c'est à toi que je pourrai parler du chant éternel de la mer qui berce mon île. Tu le connais toi aussi ce chant. Nous le chanterons ensemble les soirs de doute...
Je tressaillis contre la poitrine de mon maître. Il ne me laissait pas aux griffes de mes ennemis. Une joie immense souleva des ronronades. Yannis me caressa. 
- Tu comprends tout, toi! Comment veux tu que je puisse me passer de toi ?
 
   Au même moment, Chloé se réveilla sur le décor silencieux. Elle se leva et trouva le mot sur la table. Elle fut aussitôt rassurée et s'assit en saisissant sa chevelure qu'elle tira en arrière et noua avec un ruban qu'elle portait au poignée. Elle sortit son portable de la poche de sa veste posée sur le rebord de la chaise voisine. Elle n'avait aucune envie de déjeuner dans cette cuisine sombre. Elle voulait voir et sentir l'air bleu. Elle tapa un texto: "Puis je sortir de chez toi sans qu'on me jette des pierres ?"
Yannis sortit son téléphone qui venait de sonner de la poche de sa chemise. Il lut le message en souriant. La vie avec Chloé serait peut-être plus simple qu'il ne le pensait. Il répondit: "Tu peux sortir sans crainte... les pierres seront pour moi."




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